septembre – mars 2019

Favoriser l’inclusion numérique des femmes dans le quartier des Escanaux, à Bagnols-sur-Cèze

Mission d’appui à la conception et à l’expérimentation de nouvelles solutions pour faciliter l’inclusion numérique des femmes du quartier prioritaire des Escanaux à Bagnols-sur-Cèze (Gard)

L’équipe

  • La Bobine
  • Marine Royer, coordinatrice du projet – Designer de Service. Maîtresse de conférences en design et sciences sociales
  • François Huguet – Chercheur indépendant, sociologue des usages du numérique, prospectiviste

Commanditaires

  • Lab-O, laboratoire d’innovations des services de l’Etat en Occitanie – Préfecture de région (SGAR Occitanie) ;
  • Préfecture du Gard, Délégué du préfet à Bagnols-sur- Cèze, Pont-Saint-Esprit et Uzès ;
  • Direction Départementale de la Cohésion Sociale – Délégation départementale aux droits des femmes et à l’égalité ; Partenaires du contrat de ville du Gard rhodanien et de la ville de Bagnols-sur-Cèze

Le contexte

La ville de Bagnols-sur-Cèze compte presque 18 500 habitant·e·s, dont 3 800 résident·e·s dans 4 quartiers prioritaires (soit 20 % de la population totale), que sont les Escanaux, la Coronelle, la Citadelle et Vigan Braquet. Le revenu médian est de 7 300 € dans ces quatre quartiers (contre 16 000 € dans la commune), ce qui le classe en deuxième position des revenus les plus bas à l’échelle départementale, derrière les quartiers nîmois de Pissevin et Valdegour.

Le quartier des Escanaux est le plus grand des quatre quartiers prioritaires, puisqu’il concentre presque 1200 logements sociaux (dont le bailleur est Habitat du Gard) et compte plus de 2 500 habitant·e·s. Le profil des habitant·e·s des Escanaux est assez significatif : 40 % de personnes seules, 30 % de familles monoparentales, 50 % n’ont aucun diplôme et le taux de chômage des populations jeunes avoisine 40 %.

Face à ces constats, le délégué du préfet à Bagnols-sur-Cèze, Pont-Saint-Esprit et Uzès (M. M. Pulci) ainsi que la déléguée départementale aux droits des femmes (Mme S. Bonnamich) ont fait appel au Lab-O, le laboratoire d’innovations territoriales porté par la préfecture de région Occitanie (SGAR), pour imaginer et tester de nouvelles solutions visant à améliorer l’inclusion numérique des femmes du quartier des Escanaux (coordinatrice de cette mission : Mme S. Netter).

Suite à un appel d’offres clôturé en juillet 2018, le groupement Marine Royer, François Huguet et La Bobine a été retenu pour mener cette mission d’appui à la conception et à l’expérimentation de nouvelles solutions pour faciliter l’inclusion numérique des femmes du quartier prioritaire des Escanaux entre septembre 2018 et mars 2019.

Le projet

Cette mission d’appui s’est déroulée en six phases distinctes :

  1. Enquête sur les besoins et attentes des différents profils de femmes du quartier des Escanaux afin d’identifier leurs difficultés face au numérique
  2. Analyse de leurs points de rupture (numérique) tout au long de leur parcours administratif (analyse, notamment, du non-recours aux droits sociaux face à la dématérialisation) ;
  3. Identification des ressources et acteurs locaux mobilisés aux différentes étapes de leurs parcours usagers (structures d’accompagnement, outils ou services en ligne, etc.) ;
  4. Prototypage et co-construction de solutions/dispositifs d’accès aux droits via le numérique en associant les usagers et l’ensemble des acteurs concernés (ville, agglomération, département, CAF, missions locales, Pôle emploi, associations, espaces de médiation numérique, etc.) ;
  5. Expérimentation d’actions d’inclusion numérique ad hoc ;
  6. Définition de plusieurs leviers d’encapacitation et d’autonomisation numérique des femmes du quartier des Escanaux en présentant les bénéfices d’une meilleure autonomie numérique.

Analyse et enseignement du projet

Dans le contexte qui nous concernait ici, celui des usages faits par les femmes d’un QPV des ressources électroniques pour communiquer, se former, accéder à ses droits, etc., il s’agissait de restituer des usages pouvant être extérieurs à un lieu institutionnel (le centre social, le CCAS, la médiathèque, etc.) et d’agir sur un niveau plus personnel, de créer des outils pouvant être « embarqués à la maison » en s’éloignant un peu des usages institutionnalisés (“ce que je fais avec un CSU de la Caf, un écrivain public, une animatrice du centre social, etc”).

Malheureusement, la durée trop courte de cette mission ne nous a pas permis de travailler en profondeur sur ces « non-publics » et ces « non-lieux » où l’action socioculturelle peine à exercer son influence. Nous nous sommes donc rapidement concentré·es sur les lieux de médiation présents sur le quartier (institutionnalisés ou non) afin de développer des solutions ad hoc.

L’une des données qui est apparue très rapidement au sein de notre phase d’immersion est le fait que les démarches administratives dématérialisées (caf, retraites, logement, etc.) sont souvent appréhendées et effectuées par des hommes, contrairement à l’hypothèse de départ.

Conditions de réussite et points de vigilance :

  • avoir des complices sur place qui facilitent l’accès au terrain et qui soient une caution de confiance auprès du public que l’on cherche à atteindre. Il a fallu que les acteurs du centre social expliquent le projet, préparent nos interventions, leur contenu afin que les femmes du quartier acceptent de venir aux ateliers. Sans leur aide nous aurions eu beaucoup de difficultés à atteindre les publics visés par notre expérimentation.
  • avoir une personne qui porte le projet sur le terrain pour assurer la pérennité de celui-ci, s’assurer de l’adéquation de ce qui a été produit avec les besoins en constante évolution. Dans ce quartier, une personne est désormais référente de parcours numérique et assure la mise en place de certaines actions sur la base des tests et recommandations formulées lors du projet. On remarque également que ce travail a donné lieu à une candidature à l’AMI Fabriques de Territoires et que la Mairie de Bagnols-Sur-Cèze est lauréate de cet AMI.